Si les
chaussures de course actuelles répondent bien au premier point, force
est de constater que sur les deux autres objectifs il existe
incontestablement de graves lacunes.
Certains modèles, non seulement, ne remplissent pas ces deux dernières
missions, mais font tout le contraire de ce pourquoi elles ont été
conçues !
En
effet, lorsqu'un coureur se retrouve en hyper-pronation en raison d'une
semelle
trop molle, toute la mécanique du déroulement du pas de
course se trouve perturbée, le geste sportif ne peut alors
véritablement être au mieux de ses possibilités, et ce déséquilibre du
pied ouvre la porte à des contraintes ostéo-tendineuses multiples.
1) L'amortissement excessif .. voilà bien le
coupable
Certes
je vais bousculer les idées traditionnellement reçues sur ce sujet,
mais je persiste à dire que certains concepts à l'amortissement
excessif sont générateurs de blessures alors qu'ils sont conçus
justement pour les éviter.
Il est vrai que des études sérieuses ont montré que les forces qui
s'appliquent à l'instant de la prise de contact au sol sont égales à
environ 3 fois le poids du sujet. Chacun peut faire
'expérience de courir pieds nus sur du macadam : c'est éprouvant. A
partir de ces constatations tous les observateurs ce sont donc
engouffrés dans cette brèche en criant : "DANGER !
les micro-traumatismes sont à l'origine de la grande majorité des
ennuis du coureur à pied".
Comme
notre société de consommation montre un appétit immodéré pour les
produits de haute technologie, alors chaque coureur achète de l'air, du
gel, des micro-billes, du vide, de l'ultra-léger, des alvéoles en nid
d'abeille ... que sais-je encore, pour se protéger le plus possible de
ces "ondes
bio-négatives maléfiques."
La science a dit: "Les micro-traumatismes sont dangereux pour vos
articulations ! " La publicité a répondu : " Ne craignez plus rien j'ai
la solution miracle pour vous protéger ! " Alors débute pour le
coureur l'obsession de l'amortissement.
Qu'il
souffre un jour d'une douleur en courant, la conclusion s'imposera
d'elle même : " mes chaussures n'amortissent pas assez ! " Il investit alors dans le
dernier must des concepts, hors de prix d'ailleurs (mais quand on court
on ne compte pas), et plus il amortit, plus il
souffre ! C'est le serpent qui cherche à se mordre la queue
!
Alors
qu'est ce qui peut bien expliquer cette aggravation des douleurs ?
La réponse est fort simple : « les chaussures à fort
amorti sont de véritables éponges sous le talon ». A cet endroit,
incapables de contenir la poussée du pied, elles s'effondrent
littéralement à chaque appui, entraînant une forte
pronation. Or la pronation excessive
est bien plus dangereuse à terme qu'un manque d'amortissement !
Illustrons
ce propos par un exemple simple. Tout le monde connaît ces structures
gonflables que l'on voit l'été sur les plages, en forme de maisons ou
châteaux multicolores sur lesquelles les enfants sautent, jouent et
courent en rebondissant sur des boudins en caoutchouc gonflés d'air.
Courir dessus est très difficile, l'hyper-amortissement de cette surface est tel,
que le pied s'enfonce et se tord en tous sens. Toutes proportions
gardées, une semelle intercalaire trop molle aura le même
effet déstabilisant. Clicquez pour voir le clip
vidéo
Pour
corroborer cette analyse je voudrais faire mention d'une étude
statistique réalisée à Chicago en 1989 par le Pr. Marti, et qui me
parait très éloquente. Il a constaté qu'il existait, dans une
population de coureurs à pied, une relation inverse entre la fréquence
des blessures et… le prix payé pour les chaussures !
Surprenant résultat n'est ce pas !
Les chaussures bon marché,
par définition, ne bénéficient pas de tous ces systèmes sophistiqués
d'amortissement, et ce qu'elles perdent de ce côté est tout bénéfice
pour la stabilité du pied.
Encore un argument en faveur de la stabilité du pied : certains
coureurs ont pu constater à leurs dépens, l'apparition de blessures suite à un changement de chaussures. L'analyse
comparative entre les anciennes chaussures et les nouvelles montrent
que ces dernières sont génératrices de pronation ou d'hyper-pronation.
Le retour à un semelage moins amortissant mais plus ferme et donc plus
stable, entraîne la disparition des troubles.
2) Quelle chaussure pour
bien courir ?
Si
l'intensité de la collision plantaire avec le sol est violente, on sait
que ce pic est en réalité
extrêmement
bref et
qu'il correspond à l'attaque du pas en postéro-externe.
La chaussure idéale doit donc amortir uniquement sur sa partie
postéro-externe.
Passé
ce redoutable instant de violence, le pied continue sa progression et
prépare l’atterrissage de l'avant-pied. La ligne de charge se déplace
de l'extérieur vers l'intérieur, et tout l'effort s'exerce sur la
partie postéro- interne de la semelle intercalaire. (fig. 1)
A
ce stade il ne faut plus amortir, il faut stabiliser et ne pas
amplifier la pronation physiologique.
Les études vidéo au ralenti (voir clip) montrent particulièrement bien
ce phénomène, de façon bien plus pertinente que les études de
laboratoires où le pied est remplacé par un modèle mécanique qui ne
pourra jamais refléter exactement la réalité du comportement humain.
Clip vidéo en streaming montrant le rôle néfaste d'une semelle intercalaire trop molle: Cliquez içi (VLC nécessaire).
La
chaussure idéale doit donc présenter une semelle intercalaire très
ferme sous le talon dans sa partie postéro-interne. En résumé, le talon
de cette chaussure doit être souple en dehors, ferme en
dedans. ( fig.2 )
Il ne faut pas non plus oublier la biomécanique du
membre inférieur qui, en se déformant par une triple flexion
progressive de ses articulations principales (tibio-tarsienne, genou,
hanche), va ainsi,
absorber
et participer activement à l'amortissement du choc de contact. Votre membre inférieur se
comporte exactement comme la fourche télescopique d'un deux roues : la
déformation de ce ressort absorbe le choc. Votre membre inférieur est
tout le contraire d'un levier rigide et indéformable
.Voici en ce qui concerne la semelle intercalaire, lieu de tous les débordements publicitaires. Il est d'ailleurs amusant de remarquer que certains concepts ont réussi à résoudre le problème de la quadrature du cercle, puisqu'ils proposent à la fois un maximum de stabilité et d'amortissement. Hors ces deux notions sont contradictoires !…
Les modèles pour pronateurs sont renforcés sous le talon dans sa partie interne, et la semelle intercalaire à ce niveau est très ferme.
Il peut s'agir de semelles intercalaires bi-densité: un matériau peu compressible (polyuréthane ou P.U.) reconnaissable généralement à sa couleur grise, renforce le talon, le reste de la semelle est plus souple (E.V.A. expansé) identifiable à sa couleur blanche. ( fig.2 )
Le fin du fin en la matière consiste toutefois à renforcer cette partie de la semelle par une pièce rigide en résine indéformable. Les appellations commerciales sont variables d'une marque à l'autre, et c'est sans doute le système le plus efficace. ( fig 4 a et b )
En résumé: pour les pronateurs ou hyper-pronateurs il faut retenir deux critères de choix:
Pour les coureurs "dits universels" c'est à dire normaux, rien ne s'oppose, surtout si vous êtes lourd, à ce que vous utilisiez de tels modèles renforcés: vous êtes surs d'avoir une excellente stabilité.
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